Plume In The Wind

/2024-07-25/identité/

Après avoir récupérer ma carte, j'ai écoutée cette musique en sortant de la mairie. Elle me fais du bien dans cette période compliquée. Je trouve qu'elle capture autant le poids que je ressens, que celui qui s'en enlève. Je tenais à la mettre ici. Je pense qu'elle peut bien accompagner la lecture de cet entrée.

juniorodeo · Marine Layer

Lien YouTube.


J'ai commencé mes procédures de changements d'identité légale en octobre 2023. Aujourd'hui, le 24 juillet 2024, j'ai enfin des papiers d'identité qui collent avec mon d'identité à moi.

carte identité

J'avoue, il se passe trop de choses dans ma vie pour que je vive ça comme la victoire que c'est. Mais j'en ai conscience malgré tout, c'est un pas gigantesque pour moi. Je sais que pour certaines personnes trans, ce n'est pas important du tout, pour moi, c'était vital, et je pèse mes mots. Ça a mis toute ma vie en pause.

Dans moins d'un mois, cela fera un an que j'ai fait mon coming out. Je suis heureuse que je vais pouvoir fêter mes un an post-transitions avec ça de plier. C'est loin d'être la fin des galères administratives. Il va falloir que je continue de purger mon ancienne identité de pas mal de domaine administratif ou cela n'a pas été automatiquement fait. Faut que je demande ma nouvelle carte vitale, bref, y a encore du taf. Mais ma carte d'identité, c'était le plus important.

Quand je serai dans un meilleur espace mental pour retourner dans le monde professionnel, je n'aurai pas à me out, je n'aurai pas à expliquer pourquoi y a écrit "M" quand je me dis "F", pourquoi y a écrit un autre prénom que celui que je présente.

Par dessus tout, cela va m'aider à mieux vivre ma vie au quotidien avec un truc tout bête : Les toilettes publiques. L’œstrogène a eu plein d'effets, l'un d'eux à était de réduire la taille de ma vessie ou du moins, c'est comme ça que je le vis. Et en public, c'est l'enfer. Parce que quand je vais aux toilettes de mon genre, donc des femmes, parce que sinon je serai juste une meuf qui irait aux toilettes des mecs, personne ne me regarde bizarrement. Mais y a trop de panique anti-trans dans ce pays pour que je sois à l'aise. Mais quand même bah... j'ai peur. Et j'ai pas juste peur pour de l’embarras, non, je parle d'une peur profonde, primaire. J'ai peur pour ma vie, en fait.

C'est plus commun aux États-Unis ou au Royaume-Uni, mais malheureusement, cette peur n'est pas une psychose, elle a des racines très réelles. Je ne sais pas ce que les personnes neurotypiques et cisgenres font aux toilettes pour que cela soit dérangeant pour eux, mais moi, je viens là pour deux raisons. Mes besoins primaires. Où m'abriter de la sur-stimulation sensorielle provoquée par le lieu où ces toilettes se trouvent. C'est tout.

Dans le deuxième cas, en particulier, la dernière chose que je veux, c'est de tomber sur la bosse finale des Karen qui va appeler des mecs de la sécu pour venir tabasser "l'homme qui traîne dans les toilettes des femmes".

Je ne veux pas me jeter de fleurs, mais j'ai un très bon passing, c'est un fait. Y'a pas grand monde qui me clock sur le fais que je suis trans maintenant. Donc, en vrai, les chances que ça arrive sont très basses. Mais j'avoue que le climat méga anxiogène dans lequel on se retrouve naturellement à baigner quand on est trans me monte à la tête sur certains aspects et celui-ci en fais clairement partie.

Le simple fait de me dire que si jamais ça arrive, je peux ça de ma poche et de dire : "Y'a écrit quoi ?" (F) et me débarrasser de cette situation rapidement me soulage déjà pas mal. C'est un scénario hypothétique qui ne se produira probablement jamais ailleurs que dans ma tête, mais pouvoir le désamorcer rien que dans ma tête déjà, ça m'aide énormément.

Ça ne monte toujours pas dans mon esprit, je n'ai toujours pas cette joie au fond de moi, je crois que je suis juste trop battue et fatiguée pour le ressentir. Je suis plus sur un "j'en ai enfin fini avec cette merde" qu'un retentissant "j'ai réussi !"

J'ai pas forcément la capacité émotionnelle pour en ce moment. C'est le truc triste avec mon champ émotionnel. J'ai de petites limites. J'arrive vite à saturation et quand je suis à saturation, comme actuellement, rien ne passe, donc pas plus de souffrance, mais la joie non plus n'a pas de place pour rentrer. Ça passera.

J'ai un peu ce truc de me dire : "Tout est merdique en ce moment", mais je sais que c'est pas vrai. Et je sais que ça va passer. Je sais que c'est une énorme réussite et que je suis libérée d'un poids qui m'a vraiment écrasée pendant longtemps. Je le sais. Je ne le ressens pas encore. Mais je le sais. Ça viendra plus tard. Alors, même si je ne vie pas cette victoire comme je devrais la vivre, bah quand même, c'est une victoire.

Je sais que m'a moi du futur sera fière de cette réussite, ça me suffit.


> Envoyez un commentaire par e-mail.